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par Anaterya » 25 nov. 2015, 22:52
C'est la couverture qui m'avait tout d'abord attirée vers ce livre, puis la lecture de la quatrième avait renforcé mon envie de lire ce livre. Dès que j'ai pu le trouver, je me suis donc plongée dedans.
L'histoire se situe à Chicago, durant les belles et grandes années de la Prohibition (interdiction de produire, vendre et boire de l'alcool), dans le milieu des gangsters, des speakeasies (les bars clandestins) et des bordels. Mais, au-delà de ce cadre après tout assez classique, ce Chicago est également habité par les fays, créatures issues des folklores de toutes les cultures ayant immigré aux États-Unis, et la cohabitation n'est pas toujours facile entre fays et humains. C'est dans ces conditions qu'un des principaux lieutenants d'Al Capone ordonne aux No Ears Four, un gang affilié au parrain de Cicero (une ville à proximité de Chicago ou Scarface habitait), d'enquêter sur l'assassinat d'un homme politique favorable à la prohibition : il y a en effet de fortes chances pour que Capone soit accusé de ce meurtre, et il veut savoir qui est réellement derrière cette mort. Les membres du gang vont alors devoir affronter les gangs rivaux, la police, ainsi que les fays et naviguer entre informations parcellaires et intérêts contraires.
Ce roman est très clairement dans la veine du roman noir (même si j'ai plus de références en ce qui concerne les films noirs, avec Le faucon maltais ou Les tueurs), avec son cortège de personnages typiques : le dépressif, le violent, la brute, le joli cœur, la femme fatale, l'ingénue, etc. Toutefois, les auteurs savent utiliser ces stéréotypes à bon escient et s'amusent avec eux de façon à ce que ce ne soit pas lourd ni trop prévisible. D'ailleurs, j'ai trouvé les personnages plutôt attachants, même si je pense que certains (notamment ceux ne faisant pas partie du No Ears Four) auraient mérité d'être plus développés. En ce qui concerne l'intrigue, si elle semble simple au début, elle prend au fur et à mesure du récit de plus en plus d'ampleur, au risque parfois de se perdre un peu. Elle réserve toutefois son lot de surprises, comme il convient, et la grande scène de baston finale permet de bien relier tous les points ensemble pour avoir une vision complète de l'intrigue.
Les fays ont bien sûr une importance considérable dans ce roman, et j'ai aimé le traitement « raciste » que les auteurs en ont fait, et qui fait écho à l'opposition existant principalement entre les Irlandais et les Italiens de Chicago, mais qu'on peut étendre à bien d'autres immigrés (sans parler des Noirs, même si on n'est pas vraiment dans un État esclavagiste ou ségrégationniste). Ainsi, contrairement par exemple à American gods, les fays sont connues de tous et intégrées à la société, aussi bien classique que mafieuse, même si elles ne sont pas acceptées par tout le monde. Les créatures utilisées par les auteurs sont très variées, et sont originaires de nombreux folklores européens, et, encore une fois à l'image d'American gods, leur adaptation à ce Nouveau monde est un thème important. J'ai bien aimé les réutilisations des contes de fées qui interviennent environ au milieu de l'histoire : elles sont variées et respectent le thème d'origine, tout en bénéficiant d'une note vraiment personnelle qui en fait des histoires indépendantes et autonomes.
En définitive, j'ai trouvé ce roman noir de fantasy urbaine plaisant, avec un cadre sympathique et bien maîtrisé et des idées agréables, mais je pense qu'il manque un petit quelque chose pour que j'accroche vraiment totalement (plus de mordant, peut-être, avec une utilisation encore plus poussée des clichés du genre). Ça reste toutefois une bonne lecture.